samedi 29 août 2009

Prise de rendez-vous avortée

Bon.
Résultat en demi-teinte.
J'appelle mon ancien psy : entretien téléphonique un peu space. Je lui annonce que m'étant auto-analysé depuis un an, j'ai compris les causes de ma dépression : je suis transgenre. Sa réponse : "Whoa !"
Mais alors qu'il semblait vouloir me remballer de prime abord, cela a suscité son intérêt, ou du moins, sa curiosité. Il me conseille de voir quelqu'un dans ma ville actuelle (il vit à une heure de chez moi) et me recommande deux psys différents.
Pouf ! Pouf ! Au pif, je choisis le plus proche de chez moi. La bonne blague, c'est que j'observe le téléphone comme un con en étant incapable de l'appeler. Nausée, tête qui tourne, suée. Etat quasi habituel du moindre coup de fil chez moi, mais ici nettement accentué.
Je me sens super mal là, physiquement parlant. Je n'ai pas envie de l'appeler et de fondre en larmes. J'ai peur que ce type décide de me "guérir".
J'attends de me calmer et retente le coup, m'enfin, mon gars est chez moi et il m'est impossible de téléphoner à un inconnu si j'ai quelqu'un à côté de moi. Ce n'est pas nouveau, mais j'ai l'impression que ça n'a jamais été aussi fort.

jeudi 27 août 2009

Des jours avec...

... et des jours sans.
Aujourd'hui, j'accuse le coup.
Sous l'émotion nouvelle des prémisses de mon CO, j'ai éludé le reste. J'ai éludé ma mère à l'hôpital, j'ai éludé à quel point mes amis partis outre-atlantique me manque, j'ai éludé deux ans de procès ne menant à rien... J'ai presque été jusqu'à éluder la mort de mon chien.
Aujourd'hui, je suis seul. Les larmes au bord des yeux et quasiment incapable de pleurer. Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe en moi. Tristesse légitime ? Colère refoulée ? Contre les autres ? Contre moi-même ?
Je n'arrive pas à me prendre en main, à décrocher le téléphone et appeler le psy. J'ai la nausée, je crève de peur. Déjà un simple coup de fil pour une bagatelle me terrorise alors là, cela me semble au-dessus de mes forces.
Je me protège dans le flou actuel qu'est ma vie durant ce mois de vacances désœuvrées. J'ose à peine imaginer quel sera mon état à la rentrée.
Au départ, j'avais l'impression que tout irait mieux, assumant mon identité en construction, acceptant l'idée que oui, je ne suis pas une femme. Mais je ne suis pas une femme pour être quoi finalement ?
Un garçon. Oui, je veux être un garçon. Je n'ai pas de doutes là-dessus mais je me demande si j'aurai les épaules assez solides pour supporter tout cela. J'ai de plus en plus de mal à le cacher à ma mère. J'ai besoin de son soutien. J'ai toujours été un fifils à sa maman.
Et là, mon chien est mort. Je l'ai à peine vue pleurer, comme toujours, elle me protège. Elle veut me montrer qu'on se relève de tout mais je sais qu'elle a craqué au téléphone, avec mon frère aîné, Eddy. Elle a pleuré toutes les larmes de son corps. Il vit à 600 km, il n'y a eu personne pour la serrer dans ses bras.
J'essaie d'être fort pour elle en ce moment, mais le fait est que je suis à bout de souffle. Je suis de nouveau gagné par l'angoisse de lui annoncer. Elle a eu une vie de merde, terriblement merdique. Et moi, je vais devoir souffler sur le château de cartes d'un bonheur factice en espérant qu'il tienne toujours debout.
Au moins, je suis sûr d'une chose. En ce moment, je ne peux pas vivre seul. Là, je n'ai plus qu'à ravaler mes larmes pour ne pas pleuré devant elle à l'hôpital. Sourire et plaisanter pour la distraire.
Son opération est bénigne, fonctionnelle. Elle n'est pas malade mais l'angoisse de la perdre m'a tout de même taraudé. J'ai perdu trop de gens précieux dans ma vie, beaucoup trop. Cette crainte me renvoie à mon CO. Et si je la perdais ?
Je la connais, elle ne me rejettera pas, mais elle pleurera sans doute dans l'ombre, sans personne pour la prendre dans ses bras. Elle me sourira, sourire forcé, et jettera nonchalamment : "Tu es trop petite pour être un garçon." Je serais blessé, mais c'est son arme à elle pour ne pas perdre pied.
Aujourd'hui, j'ai mal à en crever. J'ai toujours lutté pour garder le sourire, rire et plaisanter, rendant incrédules les gens apprenant ma dépression.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que les jours à venir sont coincés, tassés sous un couvercle lourd que je n'aurai jamais la force de pousser avec mes bras maigrelets et mes mains handicapées.
Non. Je n'ajoute pas un nouveau lourd protocole médical à celui qui est déjà le mien. J'ai juste envie de vivre enfin, que, justement, mon handicap devienne secondaire et ne me définisse plus.
Aujourd'hui, je veux juste un peu de courage pour contacter le psy, mon ancien psy. Une lettre, oui, sans doute, une lettre succincte. Je veux juste un conseil. Je veux juste savoir qui aller voir. Ou lui peut-être ? Serais-je en mesure de lutter cotre moi-même pour parcourir l'heure de route me permettant d'aller le voir ?
Aujourd'hui, ma phobie sociale lutte avec ma dépression pour savoir laquelle des deux est la plus forte. Je l'ignore. Je m'en fiche. Je veux juste qu'elles aillent jouer plus loin et me foutent la paix.

mercredi 26 août 2009

Diz is da reborn of Luv ?

En pleine interrogation métaphysique, je me pose et analyse. J'analyse toujours tout, de moi aux autres. Trop cérébral ? Sans doute.
J'ai toujours eu du mal à exprimer l'amour, ce qui semble paradoxal car je suis expansif en amitié. Dire un simple "je t'aime", exprimer mes émotions me semble quasi impossible. Je finis toujours par bredouiller et conclure par un "Bref, on s'en fout"
Le fait est que depuis mon CO auprès de ma moitié, depuis que j'ose être moi-même à ses côtés, j'ai l'impression de revivre la passion comme au premier jour. Etre capable de le regarder sans un mot, un sourire nias aux lèvres, ressentir son absence à chaque seconde, pesante.
Comme d'ordinaire, j'analyse. Je pense que, me sentant mieux, je libère enfin mes sentiments. Peut-être un jour serais-je en mesure de les exprimer plus fidèlement, qui sait ?
Ce qui compte, c'est que je sois heureux. Même si tout n'est pas parfait, même si l'attente de ma transition, l'attente de la résolution d'un problème autre et divers éléments me dépriment, j'arrive à sourire plus sereinement que jamais.
Je chantonne alors :
"Soft kitty, warm kitty,
Little ball of fur !
Happy kitty, sleepy kitty,
purr, purr, purr..."
(aka trop regarder The Big Bang Theory vous ruine positivement le cerveau, mais nous sommes hors-sujet)
Tiens, je reviendrai sur la voix un peu plus tard, encore une jolie analyse en perspective.

mercredi 19 août 2009

Dédramatisation

Petit à petit, au fil des réflexions je me dis que je devrais commencer à dédramatiser mon ressenti pour dédramatiser l'annonce.
Après tout, qu'y a t-il de grave à vouloir être soi-même ?
J'ai souvent envie de balancer dans la conversation "ah, au fait, je suis un homme et vais entamer une transition" puis embrayer et expliquer.
Je me prends peut-être trop la tête. Et si j'en fais un drame, est-ce que ce ne sera pas perçu comme un drame ?
Quand un cheval a peur, le meilleur moyen de l'apaiser est de rester zen et de faire comme si de rien n'était, même si un danger existe réellement. Je suis doué dans ce domaine, pourquoi ne pas étendre ces compétences ?
Dire les choses le plus simplement possible afin qu'elles soient clairement comprises et non stigmatisées comme un évènement horrible et traumatisant. Après tout, j'entame ma renaissance vers un moi heureux, annonce t-on une naissance avec force pleurs, rappel des risques de fausse couche et autres ?
Ces derniers jours de réflexion m'ont fait au moins comprendre ceci. Ma lettre pour mes proches ne sortira pas des parois de ce blog. Je l'annoncerai autrement, plus calmement. J'envisage enfin la possibilité que mes proches ne me rejettent pas. Ce qui est plus simple maintenant que j'ai le soutien de deux personnes très chères.

dimanche 16 août 2009

Deuxième étape !

Me voilà paralysé après avoir donné l'adresse de mon blog à la personne évoquée ci-dessous.
Alors je me contenterais de te remercier ma belle. Ton soutien m'offre ma plus belle arme pour la suite des évènements. Merci de comprendre, de m'accepter.
Un sublime rayon de soleil dans mon parcours à venir.

Message Flash - Annonce de CO

Voilà que je me suis décidé à envoyer un mail à ma meilleure amie pour lui dire que je devais lui annoncer quelque chose d'important.
Elle est en ligne. MSN me suppléera.
C'est parti !
(aka je flippe à mort, bourdel)

samedi 15 août 2009

Dans mon appartement...

...il y a un grand miroir.
Il fait une chaleur étouffante également, alors je me promène nu.
Je croise régulièrement une jeune femme, la prie de voiler son corps un minimum, après tout, je ne la connais pas. Le problème reste que ce miroir ne me montre pas qui je suis. Ce reflet me blesse, parfois, car il est mensonger.
Je n'aime ni le mensonge, ni l'hypocrisie. J'aimerais qu'un jour il soit en accord avec moi-même, ce foutu miroir.
Au mois d'Août, les fous sont de sortie. Tous les psys semblent en vacances. J'ai du mal à me dire que je devrais attendre septembre pour décrocher une première date. J'ai déjà attendu vingt-cinq ans, je ne suis plus à ça près. Et pourtant... Maintenant que mon choix est fait, l'attente est difficile à supporter.
J'ai envoyé un mail à mon ancien psy pas vu depuis un an et qui ne sait rien de moi. C'était un homme compréhensif et ouvert, me semble t-il, mais j'ai déménagé. S'il le faut, je retournerai le voir. J'ai envoyé un mail à un autre psy, soit-disant pro des Trans, pour lui demander de me conseiller quelqu'un. Pas de nouvelles.
J'ai tenté de contacter l'association française des psy. Sans succès. Je préfère me dire que c'est parce que ce sont les vacances, ou que l'adresse mail n'est plus valide plutôt que de croire qu'ils en ont juste rien à foutre ou pire.
J'ai fait le choix de trouver un autre psy dans ma région pour ajouter un nom à une liste de trans-friends mais cela semble pour le moment mission impossible.
Ma dernière interrogation reste "Comment un professionnel de santé tel qu'un psy peut-il se permettre d'émettre des jugements de valeur primaires/Réac/judéo-chrétiens ?"
Je me sens fatigué avant même le début de ma lutte. Mon compagnon estime que je n'ai pas la santé physique d'une transition, ni la santé mentale, car je suis fragile, à fleur de peau. Forcément ! Comment ne pas l'être dans ma situation ?
Toujours garder la tête haute et continuer. Je n'ai plus que cette issue.

mercredi 12 août 2009

Le blanc et le noir

Il est utopique de penser de façon manichéenne. Les choses seraient pourtant si simples : Le jour serait le jour et la nuit resterait nuit. Ni aube, ni crépuscule. Les garçons seraient des garçons et les filles des filles, sans nuance. Soit blanc, soit noir.
Le gris domine pourtant, et teinte toutes mes journées. Aujourd'hui Yann s'est intéressé de lui-même aux Trans', effeuillant le blog d'une MtF à la plume fine. Il m'a posé des questions, sur tout et rien, les termes à employer pour ne pas être blessant. C'était maladroit dans la forme mais il a fait un premier pas. Nous avons parlé. Je me sens bien. Blanc. Tout est blanc.
J'exploite pourtant chaque seconde jusque la lie pour ne pas penser, ne pas me perdre. Il y a une heure à peine, je n'aurai pas envisagé la menace d'une crise d'angoisse. Le simple fait de ranger une veste de cuir homme, à la boutonnière homme, à la carrure trop large et aux manches trop longues pour moi m'a porté un coup douloureux. Glisser le cuir havane entre les cintres de chemises et jupes noires, insérer une couleur terne dans mon puits d'ombre.
J'ai tenté de plier et de faire disparaître des vêtements de ma vue mais ma mascarade féminine présente depuis trop d'années m'a lié les mains. Je crois que sur l'instant, j'aurai pu les arracher et hurler mais j'ai lutté pour ne pas craquer, ne pas montrer mon désespoir à mon cher et tendre.
Les murs de l'appartement sont couverts de figures féminines, je viens de m'en rendre compte, qu'est-ce que je cherche à prouver ? Mon regard pour moi-même dans le miroir change. Je cherche le masculin en moi, trouve mes épaules trop étroites, mes hanches trop larges, rêve d'un torse plat. J'ai le sentiment d'être minuscule en homme, alors qu'en femme j'ai l'impression d'occuper trop d'espace.
Je n'ai pas encore eu le courage d'appeler un psy, ni même de donner mon nom choisi à ma moitié. Je sais que cela ne me dérangera pas si mes proches continuent d'utiliser mon nom de naissance, car je l'apprécie et qu'il est mixte. Ce jeu de prénom me semble qu'une infime tâche à accomplir dans l'immensité de mon parcours à venir.
Il y a une heure encore, je croyais commencer à être heureux.
Là, je comprends que je suis au fond du gouffre, que l'ascension sera longue et que je m'y écorcherai les mains, dans le noir.

vendredi 7 août 2009

Premier échec

Voici la première étape franchie. Douloureuse.
J'ai donc annoncé à ma moitié ce que j'étais au plus profond de moi. La lettre ne fut qu'un support secondaire car il a souhaité que je lui explique avec mes propres mots en premier lieu. Ceux-ci étaient pourtant malades, prisonniers dans ma gorge et noyés sous mes larmes. Il a pourtant compris, ou plutôt déduit, et le dialogue a été ouvert. J'ai pu lui expliquer mon ressenti mais il n'en a pris la pleine mesure qu'à la lecture de la lettre.
Je sais qu'il ne me suivra pas. Si je fais ma transition, il me quittera. A présent, je dois choisir entre mon couple et ma vie, mais combien de temps serai-je encore en mesure de me voiler la face ?
Il aime une femme, juste une femme. Il ne changera pas pour moi, c'est un fait "Mais on restera amis !" Remarque stupide à laquelle je ne donnerai pas suite. S'il me quitte juste pour ça, c'est qu'il ne m'aime pas pour ce que je suis. Je ne peux pas le supporter. Je ne veux pas être réduit à des surplus graisseux et une voix aiguë.
Mon parcours se fera seul, tant pis pour moi. J'ai déjà tellement souffert que je ne suis peut-être plus à ça près. S'il en est ainsi, je tracerai une croix sur l'idée même d'amour car il me semble impossible de trouver un jour quelqu'un ne s'attachant pas aux apparences.
Douce hypocrisie du jour. Nous parlons de tout, sauf de ça. Moi, j'espère qu'il choisit de se laisser le temps de digérer la nouvelle. Lui doit sûrement se dire que c'est une lubie de ma part, que ça me passera. Parce que, selon lui, je suis une belle femme. Parce que j'ai des seins, des hanches qui ne s'effaceront jamais, la peau douce, que je suis petit. C'est tellement ridicule que ça me flanque la nausée et me bouffe à nouveau le sommeil. Alors un mec petit n'est pas un mec ? Un mec à gros cul n'est pas un mec ? Des conneries, un ramassis de conneries ineptes. Je ne suis qu'un roman de gare jugé sur sa couverture.
Ce matin, il s'éveille et me demande si ça va, que j'ai l'air triste. Je dis que tout va bien. Deux ans que je vis dans le mensonge, je peux sans doute continuer un peu ! Nous allons vivre plus d'un mois constamment l'un avec l'autre. Je ne sais même pas si je le supporterai. Je suis en colère contre lui, et déçu, mais même ça je crois que je ne serai pas capable de le dire. Je crois que je ne serai plus capable de rien dire.
Ce matin, j'ai regardé le trottoir deux étages plus bas et me suis dit que ce serait plus simple que je saute. Après tout, cela ne changerait plus grand chose.
Il remet violemment en cause mon parcours, me dit que de toute façon, je ne serai jamais un vrai homme. Oui. Je le sais. Une parodie de moi-même.
A l'heure actuelle, je n'envisage même plus de survivre à l'année en cours. Je crois que le seul fait de ne pas imposer un nouveau suicide à ma famille me retient. Je ne suis plus qu'un fantôme. Le bonheur à jamais absent.
Je sais que je dois lui laisser le temps. Je suis le premier à le scander sur tous les toits. Maintenant que j'y suis confronté, j'ai du mal à me convaincre.

dimanche 2 août 2009

Opportunité capillaire ?

Voilà près de deux ans, trois peut-être, que j'ai accumulé les accrocs dans mon "tissu social" pour le réduire en charpie. La non-conformité de mon apparence ne me paraît pas en adéquation avec l'idée de relations amicales.
En analysant, je constate que quiconque n'étant pas un tant soit peu ouvert d'esprit a été rayé de ma vie. Paradoxe. Moi-même ne suis-je pas puissamment intolérant en n'autorisant pas l'autre à craindre ?
Je me protège, encore et toujours, et les gens que j'aime profondément sont toujours autour de moi. Est-ce si compliqué d'aller les voir, ou au moins de leur laisser un mail ?
J'ai l'impression oui, je n'ai jamais été très communicatif bien que je feins la sociabilisation à merveille, brûlant intérieurement de trouille comme un loup pris au piège.
Tout ce blabla car je me suis rendu compte en allant voir une amie qui habite non loin de chez moi que je ne l'avais pas vue depuis plusieurs mois. Elle-même l'a constaté à ma longueur de cheveux, elle est ma coiffeuse également.
Là, le titre s'explique. Elle m'offre une coupe de cheveux gratuite, en salon. Je ne sais pas encore comment je vais réussir à lui demander une coupe homme. Rien d'extrême, je tiens à mes longueurs, mais quelque chose de masculin, quitte à ressembler à un émo si cela me permet de rencontrer l'hésitation madame/monsieur à défaut d'autre chose.
Je sais que j'ai là une opportunité de lui faire mon coming-out, au moins post-coupe car je ne veux pas que ses mains tremblent. D'un autre côté, j'évolue dans un milieu qui aime pousser l'androgynie à son paroxysme. Bien que choisi par la seule musique, j'y trouve un certain réconfort mais là, je m'étendrai sur le sujet dans un autre message.