lundi 30 novembre 2009

Et si...

Et si tout se faisait simplement.
On dirait que je faisais ma transition et pis que les gens se diraient juste "oh tiens ? Elle est devenuE Il" sans aucune question et révélation fracassante.
Ce serait bien.
Je crois que si je liste le nombre de personnes à qui je dois le dire, je me pends.
Je n'ai pas envie d'avouer ce qui n'est pas à avouer.
Je n'ai pas envie de devoir justifier mes choix à tout va.
Je n'ai plus envie de flipper à cause de tout cela et que ça prenne la place de réflexions à propos de mon parcours.

jeudi 26 novembre 2009

[&] Le 11 et la loi des séries

Puisque le "11" a été évoqué dans le message précédent je continue sur la lancée.
Après les coming-out effectués ces trois derniers jours auprès de ma famille et de quelques amis, cela amène au nombre de 11 les connaissances au courant de notre situation (je dis bien connaissances, le psy' compte pas).
Mais qu'observe-t-on aussi avec le chiffre 11 ? Eh bien qu'il est effectivement fascinant. En effet, le 11 en binaire (classique) signifie dans tout autre langage (hexa', octal, ou décimal) 3, et, donc, le système binaire fait qu'un et un ne font pas deux mais trois, et j'y trouve une analogie assez amusante entre le cadre hétérosexué binaire de notre société et l'existence pourtant d'un troisième sexe, dont la définition ne se fait - du fait de ce cadre - que par rapport aux deux "1" que sont l'homme et la femme classiques.
On retient donc que 1 & 1 = 3
Et ça, j'aime bien.
Bref, là n'est pas le propos.
Je vais revenir, encore une fois, sur le coming-out de ces derniers jours, plus pour laisser une trace sur ce blog commun que pour le plaisir de me répéter.
Mon frère, mon père & ma mère, ma sœur ont été mis au courant. De même qu'un coreligionnaire estudiantin de mes amis, une amie récente et pourtant si importante, et une amie de longue date.
La compréhension a été beaucoup plus facile - plus que ça, elle a été naturelle - pour les amis que pour la famille.
L'acceptation n'est pas un problème en soi, mais la compréhension, et donc l'acceptation du discours en est un. On nage donc souvent dans des discussions épistémologistes et linguistiques puisque l'acceptation n'est pas une étape à franchir. Et parfois c'est dur, relativement s'entend, puisque l'on se rend compte alors du ressenti des autres, de l'importance qu'ils accordent à l'interaction, et le refus de toute décision unilatérale. On n'a pas le "droit" d'annoncer quelque chose et de demander d'être accepté sans conditions : étant accepté d'office, on est tenu de justifier nos choix, de prouver qu'ils sont conscients, libres, réfléchis. Bref.
Tout cela pour dire qu'au-delà de ses considérations, tout s'est bien passé, ma sœur plus prédisposée à éprouver de l'incompréhension, si ce n'est une certaine forme de rejet, est finalement celle qui a réagi avec le plus de simplicité, d'écoute et d'attention. Et cela me réjouit de savoir que ma sœur est bien ce que j'en avais gardé comme image : quelqu'un qui sous ses airs de personne influençable par la pensée mainstream est finalement celle qui est la plus ouverte et capable d'évolution. Je ne dis pas cela pour dénigrer le reste de ma famille, qui a toutes les qualités que j'attends d'eux, mais pour rendre hommage à ma sœur dont la réaction a plu à ma sensibilité (tout comme les réactions des autres ont plu à d'autres aspects de ma personnalité, mais qui n'étaient pas les plus stimulés à ce moment précis : celui de faire découvrir des choses inconnues pour mon frère, celui de discuter de l'importance des mots et du dialogue avec mon père, et celui de partager inquiétudes et craintes avec ma mère).
Je crois qu'à ce point de la note je suis devenu incompréhensible, je me rends compte que je suis en train d'écrire plus pour vider un sac trop rempli par des pensées antiques que pour narrer des faits de la semaine.
Si je devais donc conclure pour éviter de m'égarer plus longtemps, je dirais donc que ces coming-out successifs ont été bénéfiques pour tous deux dans la mesure où ils nous ont conforté dans l'acceptation que l'on attendait de nos proches (même s'il en manque), et d'un point de vue personnel ils m'ont permis de parler sans mentir à des personnes connaissant K., d'utiliser les bons prénoms à son égard, de cesser pour un temps la schizophrénie chronique entre la sphère conjugale et les relations extérieures.
Bref, je me sens plus entier, parce que plus assumé, plus vrai en somme.

jeudi 19 novembre 2009

Et de onze !

Onze.
Non ce n'est pas le nombre de rendez-vous psy, de mois de réflexion ou de mégots dans mon cendrier.
Le onze est un nombre qui me fascine depuis toujours alors j'extrapole autour.
Un nombre palindrome, bien symétrique, ou légèrement déviant selon la graphie.
Pourtant je suis 10 !
Dys...phorique
Dys...lexique
Di...vergent
Di...fférent
La semaine prochaine, ma moitié dira à ses parents que je suis trans.
De mon côté, je ne veux plus attendre. Ma mère, mon père, mon frère aîné doivent savoir.
Je flippe, je flippe comme jamais. J'ai l'impression que l'épreuve qui m'attend est la plus lourde que j'aurais à affronter. Je n'ose même pas me dire que je suis loin du compte !
La chirurgie ne me fait pas peur, si ce n'est en terme de résultat. Mon corps est une prison de douleur depuis toujours alors la convalescence, je m'en fiche.
Je ne sais pas si je serai en mesure de tenir mon engagement d'un an de réflexion. Cela me mènerait jusque juillet 2010, et je veux que ma torsoplastie se fasse symboliquement en 2011.
Si je fais effectivement mon stage chez mon (adorable) frère, il y a des chances que j'entame l'hormonothérapie un peu plus tôt si possible. Tant pis pour la soutenance de mémoire avec la voix qui mue. J'aime le onze mais il me faudra au moins douze pour avoir mon année.
Dix, douze... jamais de onze dans ma vie. Mais je suis ce onze, ce XX bancal et atypique.
Je veux arborer fièrement ma masculinité, pour être moi-même et enfin vivre.
J'ai vu un reportage sur une trans partagée entre les deux genres et qui disait à peu près : "A force de vivre entre deux vies, on ne vit qu'une moitié de vie."
Cette phrase a fait tilt et m'a fait pleurer, trop vraie et donc trop dure à entendre.
Enfin, j'ai réussi à craquer ce soir et a pleuré. Bon sang, ça fait du bien !
On met les choses à plat, et hop ! on repart.
C'est tellement dur de pleurer pour moi à présent, comme si j'avais déjà commencé la THS. Bizarre. Peut-être mon corps commence t-il tout seul ?

lundi 16 novembre 2009

De la représentation de soi

Han ! Matez mon titre pompeux ! ^^
Depuis toujours je dessine -ahem !- je gribouille. J'ai toujours eu beaucoup de mal à me représenter alors que cela arrive souvent, par exemple, pour raconter une anecdote, pour laisser un mot à un proche, pour faire rire mes camarades de classe, puis de promo.
Cette vision de moi a toujours été floue.
Il y a quelques jours, j'ai cherché à me dessiner pour un hypothétique projet de blog bédé, me représenter en tant qu'homme sans prendre en compte mon apparence actuelle.
Pif paf pouf, en trois traits, j'étais croqué.
Encore une fois, j'ai le sentiment que des indices subtils sont là pour me guider... si seulement je pouvais être fan de foot et de F1, ce serait plus simple !
Je plaisante, je plaisante... mais parfois, c'est difficile de se situer quand l'homme que l'on est n'est pas conforme aux modèles de la société.