mardi 31 mai 2011

J-8

Allez, un p'tit up pour la route !
D'abord, pour en revenir à ma crise articulaire, finalement, elle n'est pas allée très loin : davantage localisée sur les genoux, moins sur les hanches que d'ordinaire. Un peu titillé aux épaules et aux coudes. Une bonne nouvelle donc, même si mes crises prennent une forme différente que je ne sais pas encore gérer. Affaire à suivre donc !
Ensuite, nous voici à J-8 de ma mastectomie. J'ai eu pendant une petite semaine quelques angoisses à ce sujet. La peur de me tromper, la peur d'être déçu du résultat, la peur de mal supporter l'opération. Bref, tout un tas de petites choses dérangeantes mais en parler sur un forum m'a fait beaucoup de bien, et me voilà plus serein. Aujourd'hui, je suis allé dans une pharmacie spécialisée en homéopathie et j'ai donc un traitement en pré et post op. Pour les hémorragies, le réveil de l'anesthésie et la douleur. Je suis homéo-sceptique, mais qui ne tente rien n'a rien. J'ai eu la chance de tomber sur un pharmacien qui m'a semblé comprendre à mi-mot pour quel type d'opération je venais et a été d'une grande prévenance, je dirais même d'une certaine complicité, ce qui est vraiment très appréciable.
Enfin, un autre point dont j'avais envie de parler, très surprenant mais qui 'ma propulsé sur un nuage. Ma mère a vu ce midi le témoignage d'une femme trans dans l'émission de santé de la 5. Forcément, je l'ai appelée ensuite pour en parler et quelle surprise ! Déjà, elle a parlé de cette dame avec beaucoup de respect, en ne se trompant pas de genres, en compatissant pour les conflits qu'elle a avec ses enfants. Elle m'a dit aussi qu'elle préférait le terme transgenre, qu'elle trouvait plus approprié puis que ça 'a rien à voir avec l'orientation sexuelle. Je suis tombé des nues. Ma mère a, au fil du temps, tout synthétisé dans le bon sens.
Mieux, elle a parlé de moi à une de ses amies qui lui a dit qu'elle comprenait qu'elle accepte que je sois transgenre, mais qu'elle ne comprenne pas son acceptation de ma nouvelle orientation sexuelle (aka, je suppose, le fait que je sois gay) et là... ET LA ! bon sang, ma mère m'a défendu bec et ongles, et m'a dit que grâce au témoignage de Delphine P dans cette émission, elle avait les bons mots pour expliquer à son amie toutes ces différences. Je suis sur le cul. Pendant que je marinais dans mon coin à me lamenter des "elles" toujours employées, ma mère a fait un sacré bout de chemin. Je me sens tellement soulagé, je n'ai pas de mots pour ça. Je sais que ce n'est pas gagné encore, mais au moins, je sens que l'acceptation réelle vient peu à peu et ça n'a pas de prix.

samedi 14 mai 2011

F*cking disease

Eh bien !
Je me suis donné pour objectif de sortir plus souvent. Hier déjà, et aujourd'hui... C'était super, et ça m'a vraiment fait du bien mais voilà que ma vieille polyarthrite refait surface. Je n'avais quasiment plus fait de crise depuis le début de la T. et voilà que ça revient.
Je ne peux pas tendre ma jambe droite et la gauche, c'est limite : genoux bousillés. Je voulais faire la Nuit des Musées mais me v'là coincé. Et je ne peux même pas dire d'y aller en béquilles vu que mes poignets me font mal et là, je le sens, ça commence à gagner mes mains (et une cheville + pied aussi, tant qu'à faire)
Bon, pour le moment, je ne fais pas de crise globale, c'est déjà ça. Je craignais avant de le débuter que le traitement aggrave ma maladie. Jusqu'à aujourd'hui, j'avais plutôt eu le sentiment que mon état s'améliorait... Je ne sais pas si c'est parce que ça faisait longtemps et que je n'ai plus l'habitude ou si c'est à cause de la T. mais j'ai mal à m'en claquer la tête contre les murs. Youpi ! ('coz tounaïte gonna bi a goude naïte !)

vendredi 13 mai 2011

On achève bien les CO...

Curieuse sensation que de recevoir une invitation à une soirée.
Je regarde la liste des invités : la moitié est au courant, l'autre non... et il y a un inconnu.
Cet inconnu, je dois le remercier. Grâce à lui, je me rends compte qu'il est plus que temps que j'achève mes CO. Qu'est-ce qui me retient ? Je ne sais pas. Ce ne sont pas des gens qui fréquentent ma vie quotidienne pourtant. Je n'ai eu que de bons échos pour le moment de tous mes COs... Mais là ?
J'ai le sentiment d'être dans une cuve remplie d'eau, le couvercle à 20 cm de ma tête, et que si je fais ces coming-out, cette foutue cuve achèvera de se remplir. Pourtant, je me rends compte que je me suis coupé de ma vie sociale, plutôt active avant. A présent, j'ai l'angoisse de sortir, je me demande toujours si je vais passer ou pas, bon sang ! pourquoi je me prends la tête ? Je ne veux plus passer à côté de ma vie au nom de... au nom de quoi, au juste ?
Cet inconnu, qui fréquente donc de vieux potes, moi je ne le connais pas. Pourquoi ? Parce que j'ai rayé ma vie sociale au nom de la peur du regard des autres. Moi qui ai toujours revendiqué m'en foutre, me voilà pris au piège de ce foutu regard.
Chaque fois que je sors, cela se passe plutôt bien. Mais là, moins je sors, mois j'ai envie de sortir. Je m'enferme dans une bulle confortable hors du monde. Ne pas être confronté à l'inconnu, à ce regard sur mon non-torse, ma non-bosse dans le caleçon. Sortir et scruter le moindre regard, me mortifier, me dire que lui, là, il n'est pas dupe. Mais bon sang, qu'est-ce que j'en ai à foutre qu'il ne soit pas dupe ? Eh bien, je n'arrive pas à m'en convaincre. J'espère que mon opé du torse maintenant toute proche me libérera en partie de ces angoisses. J'en ai assez de cette non-vie. Je veux être moi, n'est-ce pas ? C'est pour ça que j'ai entamé cette transition. Si je reste dans mon placard à chouiner, à quoi cela va-t-il m'avancer ? Je me rends compte que mes anecdotes sentent la naphtaline. Où sont passées ces soirées dans les bars, ces concerts, ces expos, ces voyages, ces soirées ?
Il faut vraiment que je bouge, que je sorte, et j'essaie en ce moment. Je me force à programmer des trucs, me forcer à les faire. Je dois vivre, à quoi bon transitionner dans ma bulle ?
Si je sors, je m'expose au connard qui me dira que je ne suis pas dans le bon chiotte, à la serveuse qui me dira mademoiselle...et alors ? Des inconnus de passage, des visages flous. Putain, il faut que j'arrive à m'en convaincre, mais là... Du temps sans doute, pas mal de temps même. Moi qui me targuer de vouloir jouer l'androgynie, je me retrouve à me demander si je ne devrais pas me raser la tête et rouler des mécaniques. C'estmoche, parce que ce n'est pas moi, non plus.
La quête de soi, c'est dure, et ça, qu'on soit trans ou pas. J'aimerais tellement que cette réalité sorte de ma vie. Avoir une gueule de meuf, ouais, mais le torse et le calbut qui vont avec, pas passer des heures à me demander si mon packy est correct ou si on ne voit pas trop la bosse de mon binder.
Je crois que j'ai besoin de chouiner dans des jupes... ou de me confronter au monde et voir que ce putain de passing n'est pas si bancal. Pas évidence dans cette dichotomie monsieur/madame du monde extérieur, ceux qui me grillent, ceux qui ne me grillent pas, les proches qui cafouillent, ceux qui ne se trompent jamais, et certains membres de ma famille qui sont bloqués sur le féminin.
Je crois, finalement, que j'ai vraiment besoin de rencontrer de nouvelles têtes, des gens qui ne savent pas et qui ne remettent pas en cause mon état d'homme. Pour ça, les forums c'est bien...mais le monde réel serait sans doute mieux.
Je pense que post opé du torse, je vais essayer de me faire tirer... le portrait. Il y a toujours des photographes qui cherchent des modèles, non ? Et c'est pas comme si je n'en connaissais pas. Je comprends mieux les FtMs qui se photographient à tout va. J'ai besoin d 'être rassuré dans l'image de moi-même. Je crois, finalement, que je n'ai jamais été aussi faible qu'aujourd'hui sur ma confiance en moi.
 

jeudi 5 mai 2011

La perfection est un chemin, non une fin

Un ami a mis cette citation sur son mur FB. Peu de temps auparavant, on m'a interrogé sur cette notion de perfection dans le registre créatif.
Sur ce plan, et sur le plan humain, je ne peux qu'approuver. La quête de perfection pousse à se surpasser, à toujours devenir meilleur, et c'est une bonne chose. Je ne pense pas pour autant qu'elle soit accessible.
Il faut avancer, à petits ou grands pas, vers ce but. Je peux l'appliquer à l'échelle de mon travail, j'ai plus de difficultés à le faire sur un plan humain mais passons, là n'est pas le sujet du blog.
Au fil des jours, j'en suis venu à penser à cette perfection au titre de la transition. Ce qui est tragiquement drôle, c'est que dans ce domaine, la perfection n'existe simplement pas. On peut faire au mieux, certes, mais il faut faire le deuil d'un idéal qui n'existe pas. Je pensais m'être fait à cette idée, mais je me rends compte que ce n'est pas encore tout à fait le cas.
Je ne serai jamais comme un mec bio, ce qui pourrait être la perfection attendue dans ce cadre. D'un point de vue esthétique, j'aurais toujours ces hanches, cette petite taille, et l'absence de pénis. D'un point de vue tripes, ça, c'est un fait plus dur à digérer que je ne le pensais, je ne pourrai jamais avoir d'enfants. Chaque fois que je vois mes neveux, cette réalité me frappe de plein fouet. Pourtant, je ne veux pas d'enfants, du moins pour le moment, mais chaque fois cela me rappelle que cette réalité a été éjectée de ma vie par mes choix.
Ma mère a toujours dit qu'elle aurait aimé adopter, ou devenir famille d'accueil. Un enfant adopté serait le mien sans même que je le remette en question, l'idée d'une grossesse m'est inconcevable. Certes, j'ai cette option, mais en tant que trans ? En couple avec un homme ? Cette belle option reste donc bien théorique.
Ne vous méprenez pas, je ne suis pas amer même si à me lire, j'imagine qu'on peut le penser. Je pose simplement les choses pour mieux les appréhender : il ne sert à rien de me voiler la face pour me prendre un retour de flammes dans quelques années.