dimanche 27 novembre 2011

Transitionner, c'est pas facile.

Et si on écrivait un article autre que la mise à jour de son torsounet ? Bonne idée , n'est-ce pas ? Et bien commençons avec un post super joyeux.
Je suis taraudé de questions depuis quelques temps (depuis ma naissance ? ha ! ha !) J'esaie de mettre les choses en place, mais je n'y arrive pas. Tout simplement.
Je joue à l'ascenseur émotionnel en ce moment, avec des phases de bien-être relatif et des phases franchement noires. J'ai l'impression que la transition physique n'est rien face à la "transition d'esprit", expression lue il y a peu et que je trouve très juste.
Je m'aperçois qu'en ce moment, je suis plongé dans cette transition-là, avec férocité. Il y a deux aspects, d'abord l'aspect mental. J'ai l'impression d'être dans un corps morcelé : une tête de fille, des bras de fille, un torse de mec, un corps de fille depuis le dessus du nombril jusqu'au bas des pieds, truc gras et informe. Ça me pose problème et suscite le fait que je ne suis absolument pas sûr de moi, que je mets des plombes à m'habiller, que je ne suis jamais à l'aise quoique je fasse comme effort pour gommer les courbes féminines. J'ai toujours eu des soucis de confiance en moi, et j'ai le sentiment qu'ils sont exacerbés ces derniers temps. Le miroir me pose vraiment problème. Il y a des jours où je me trouve beau, du moins je me plais, et des jours où je ne supporte strictement pas ma tête, mes hanches, mes bras. La taille aussi recommence à vraiment me poser problème alors que je n'arrête pas de croiser des mecs bios franchement plus petits que moi ou de ma taille.On m'a dit que ma taille jouait contre mon passing. Cette phrase m'aura plus meurtri que je ne l'espérais.
J'en viens du coup à l'aspect mental. Au fil de mes réflexions, je me rends compte que je serai peut-être plutôt agenre. Socialement, je me sens plus proche, et plus à l'aise avec les femmes. Avec les hommes, je ne me sens strictement pas à ma place, j'ai toujours la pression quand je parle à un gars. Néanmoins, j'ai l'impression de n'appartenir ni à un monde, ni à l'autre. Comme si physiquement, je cherchais à m'apparenter aux hommes mais que mentalement, ce serait plutôt une orientation vers les femmes. Pourtant, m'identifier agenre me gêne profondément. Je ne m'y sens pas à l'aise non plus, déjà parce que cette place est extrêmement inconfortable en société, et que non, ce n'est pas une question de n'être ni l'un ni l'autre, ou un troisième genre, ou deux genres à la fois. Le genre masculin me convient même si je n'entre pas dans ses canons, ses stéréotypes.
Je pense que le fait que je ne passe pas est crucial dans ce cheminement. Si je pouvais me présenter au masculin sans ambiguité, je pense que je vivrais mieux la situation. Là, chaque sortie et une lutte, chaque fois je dois dire à chaque personne rencontrée que oui, je suis bien un mec, et là, j'arrive à un point de saturation sur mon absence de passing.
J'ai du mal à gérer la dichotomie entre mes aspirations à l'androgénie et l'affirmation de ma place d'homme en société. Hier, je suis allé à une soirée Rockabilly. La majorité des gens étaient habillés en conséquence, moi itou. En résumé : filles très filles (robe, maquillage pin-up...) et les mecs très mecs (chemises, rouflaquettes et compagnie) Et moi là dedans ? J'avais vraiment le sentiment d'être une fille déguisée en mec malgré ma superbe chemise rockab' que j'aime d'amour.
En a résulté un profond sentiment de malaise, sans compter qu'il y avait un monde fou, sans compter que j'ai croisé des gens que je côtoyais pré-T et qui ne m'ont pas reconnu (et c'est tant mieux). Tirer un trait sur le passé, ce n'est pas simple non plus mais je ne voulais pas qu'ils me reconnaissent, je ne voulais pas avoir une millième fois à expliquer mon parcours et devoir justifier mon choix de vie.
Je crois que je n'ai jamais été aussi fragile qu'en ce moment, sans compter que s'y ajoutent d'autres soucis que je n'évoquerai pas ici. J'ai le vif sentiment d'être déraciné, de quitter une réalité que je connaissais bien et que je vais appeler à l'arrache "le monde des filles". Je pense que cela a été particulièrement difficile, car dans une soirée "classique", où les gens sont habillés comme au quotidien par exemple, il s'agit là d'un terrain neutre, un monde qui ne me concerne pas vraiment. Que là, être plongé dans le rockab', un monde que j'ai pas mal fréquenté en exacerbant ma féminité en mode pin-up, dans une forme de féminisme mis en avant, un univers dont je connais très bien les codes. Là, j'ai l'impression d'être balancé dans le monde des hommes sans aucun mode d'emploi. J'ai l'impression qu'il me manque tout le background d'une enfance et adolescence masculine, et j'ai eu le sentiment d'être la fille qui joue au mec, vraiment l'impression de ne pas être à ma place.
A cette soirée d'ailleurs, j'ai croisé un (très beau) jeune homme. Grand et fin, une crête, maquillé. Je lui en ai vraiment voulu d'être ce que je voulais être. Mais je ne serai jamais grand, jamais fin, et il avait beau avoir un look androgyne, il n'offrait pourtant aucun doute sur son état de mec. C'est ça que je recherche, mais ça m'est inaccessible. Je pense que je vais avoir du mal à gérer ça encore un temps. Le problème, c'est que ça altère sacrément mon moral. Là, j'ai juste l'envie de m'enterrer dans ma grotte et de ne plus jamais en sortir, ne plus être confronté au monde, ne plus me heurter à ces points de comparaison qui ne font que me ruiner le moral.
Je n'ai plus envie d'entendre les couacs des gens qui laissent échapper du féminin à mon encontre, je ne veux plus qu'on me parle de ma transition. Je veux juste être un homme lambda sans que cela soit remis en question dès que je fous un pied hors de mon appartement. Je suis vraiment fatigué de tout cela. Je me dis que je devrais peut-être aller voir un psy, vider mon sac, mais là, même souci. Si c'est pour tomber sur quelqu'un qui me dit de m'habiller bien en mâââââle et de me couper les cheveux pour être bien bonhomme, ça va juste me plomber ce qui me reste d'amour propre. En gros, je ne me sens pas assez fort pour entamer les démarches de trouver un psy souple et compréhensif, mais paradoxalement, j'en ai besoin.
Voilà bien le mot de la fin : le paradoxe. C'est vraiment ce qui m'habite en ce moment. Le paradoxe entre les différentes parties de mon corps, celui entre ce que je ressens et que j'ai du mal à cibler, ce que je voudrais montrer et ce que les gens perçoivent. Apprendre aussi à passer du statut de belle femme populaire à avorton introverti totalement invibilisé. Ça aussi, ça pourrait s'arranger. Si j'avais plus confiance en moi. Mais là, non, je n'y arrive pas. J'espère conserver des sursauts de bonne humeur, comme il m'en arrive encore parfois. J'aimerais surtout pouvoir vivre sans peur, mais ça, ce n'est vraiment pas gagné.

vendredi 18 novembre 2011

Torse à 5 mois et 9 jours

Hello tous !
Fidèle à mes habitudes, j'avance l'idée de faire des articles intermédiaires et je me retrouve à poster la mise à jour mensuelle de mon torse.
A savoir que j'ai eu un petit souci avec un fil qui est remonté à côté de l'aréole droite. C'était juste bizarre, pas d'infections ou de douleurs. Là, je pense avoir évacuer tous les morceaux, ce qui reste à vérifier car d'autres bouts sont sortis alors que je pensais avoir tout retirer. Là, mon corps l'évacue simplement, et cela s'en va comme un bout de peau morte.