mercredi 29 août 2012

Le dilemme de l'enterrement.

Comme vous le savez maintenant, je suis accoutumé aux bonnes nouvelles (ô Ironie !). Je ne rentrerai pas dans les détails, mais une amie de la famille vient de décéder des suites d'un cancer. Une amie de ma mère, sa voisine.
Je connaissais aussi cette personne, douce et agréable, très bonne cuisinière. Une femme courageuse qui avait déjà perdu son mari, il y a quelques années, et sans doute trop gentille, au point de se faire exploiter.
Je n'aime pas les églises. Trop de mauvais souvenirs y règnent et j'éprouve toujours de l'angoisse lors de cérémonies, qu'elles soient positives ou non. En ce moment même se déroule son enterrement, et moi je suis derrière mon PC. J'aurais voulu manifester mon soutien à la famille, à ma mère, et aussi lui rendre un dernier hommage, mais un point m'a stoppé dans mon élan.
La famille. Je la connais, et depuis un moment maintenant. Sauf qu'aucun d'entre eux, à part la défunte, n'est au courant de ma transition. J'ai longuement réfléchi, mais me pointer à l'enterrement en tant que mec alors que tous m'ont connu en femme, être l'espèce d'attraction, de curiosité... non. Je ne voulais pas leur imposer cela. Cela me semble un manque de respect.
Ma mère n'a pas compris ma démarche, elle me dit que je n'ai pas tant changé, que ça passera incognito. Bam ! Coup de couteau. J'ai changé, des connaissances ne me reconnaissent plus dans la rue. J'essaie de voir le positif dans cette remarque, cela signifie pour elle que je suis toujours son enfant, sans aucun doute possible, je suis la même personne à l'intérieur. Malgré tout, elle me flanque ce doute affreux sur mon apparence. Fragilisé par ce deuil, ma confiance en moi s'est pris une énorme claque. J'ai de nouveau peur de sortir, je ne veux voir personne... et je ne suis certainement pas capable d'aller à ce foutu enterrement.
Parfois, j'aimerais tellement être né dans le bon corps, ne pas avoir une vie à reconstruire, ne pas avoir à recoudre entre eux des fragments de passé avec une aiguille rouillée et un fil de soie. J'ai beau me dire que mon vécu antérieur est une chance, une force, que grâce à lui j'ai rencontré des personnes extraordinaires, et que je connais une complicité féminine qui n'aurait peut-être pas exister sans lui... Bref, j'ai beau me dire que ce passé est une force, je pense aussi qu'il s'agit d'un fardeau bien trop lourd pour vivre l'esprit serein. Peut-être changerai-je d'avis d'ici quelques temps en passant outre cette nouvelle épreuve ?
Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'actuellement, je recommence à vivoter plutôt que vivre. Mes projets d'avenir m'apparaissent plus qu'incertains devant les obstacles à franchir. J'ai comme l'impression que je ne m'en sortirai jamais. Car ce ne sont pas mes papiers qui me bloquent au quotidien, ce n'est pas non plus ce maudit utérus, puis qu'il est invisible de l'extérieur. Madame, madame, madame... au quotidien, ça m'épuise.
Je me dis parfois que je devrais partir, refaire ma vie ailleurs, tabula rasa en somme, mais trop de choses me lient encore ici... ou alors je veux croire que trop de choses m'attachent à cette région. Si je mets tout dans la balance, je sais que je ne veux pas m'éloigner de mon neveu, car il est l'enfant que je n'aurai jamais. Et je ne veux pas m'éloigner de mes chevaux. Je pense que si j'avais du blé, pourtant, j'irai vivre à Paris, ne serait-ce qu'un temps. Enfin... je m'égare... Le point que je tenais à aborder est vraiment celui-là : comment peut-on gérer toutes ces personnes satellites, ces gens qu'on ne côtoie pas assez pour leur faire un coming-out, mais qui gravitent autour d'autres plus importants ? Dans la vie quotidienne, cela ne pose pas de problèmes. Dans la mort, c'est encore autre chose. Serai-je à vie le connard qui ne va pas aux enterrements ? Comment ferai-je le jour où je perdrai mes parents ? Bon sang, je ressasse trop, beaucoup trop...

mardi 14 août 2012

Vous avez l'heure, s'il vous plaît ?

Et oui, encore un post sur le passing. Il faut dire que celui-ci est mis à rude épreuve ces derniers temps. Pourtant, l'été est le temps des t-shirts et des gambettes poilues dévoilées, mais bon...
Les gens ont un truc marrant pour savoir si je suis un homme ou une femme. Toujours la même rengaine : je marche dans la rue, un groupe me bloque, l'un d'eux se détache et me demande l'heure (parfois avec un portable à la main, la bonne blague).
C'est toujours plus poli que "Wesh ! T'es un bonhomme, ou bien ?", mais bon, ça me soûle.

jeudi 9 août 2012

D'ailleurs, ces pantalons... (avec une histoire absurde)

On dirait que je peux faire une redite de l'article précédent, toujours avec le même futal (pour rappel, un slim de femme dont je suis tombé amoureux et qui me le rend bien.)
Depuis la dernière fois, je n'ai, finalement, pas tant changé mes habitudes vestimentaires que ça. Et pour une raison obscure, je suis, ces derniers temps, passé au statut passing zéro, ou disons 25%. Cela va de me faire siffler dans la rue à des madames à la caisse/au comptoir. Aujourd'hui, je reprends systématiquement les gens, répondant d'un simple "monsieur" à un "mademoiselle". Néanmoins, une fois ça passe, dix fois, ça commence à entamer le moral même si j'essaie de m'en foutre.
Bref, pour en revenir à mon super slim... Aujourd'hui, j'ai reçu une paire de bottes top canon, un peu genre docs martens 20 trous ou paraboots, mais en plus fin, un peu comme des bottes cavalières. De belles bottes, avec de longs lacets rouges et noirs, et... pas du tout masculines. Fuck, je les porte avec mon super slim et je me mets en chemin pour aller chez des potes.
J'arrive dans le hall de mon immeuble. Je venais de me checker dans le miroir de l'ascenseur et ça m'avait fait marrer de constater qu'entre mon sac de course rose, mes cheveux longs, mes bottes, mon slim, ma veste aux poches pleines qui me donnaient des hanches de madonne, je faisais vraiment fille pour le coup, d'une certaine façon. Mon hall est toujours désert, je me tape le délire de porter mon sac façon sac à main et de me dandiner (oui, je ne suis pas tout seul dans ma tête). Et bien sûr, c'est là que ma concierge me tombe dessus. Normalement, à cette heure là, elle a fini sa journée.
Je la vois sortir en pyjama rose Betty Boop, le pantalon remonté sous les seins (elle a le physique de la méchante dans Kuzco). Elle me lance "ça me fait plaisir de vous voir, j'ai besoin d'un homme fort !" Vu mon gabarit, j'ai envie d'éclater de rire, mais bon, je me retiens. Quelque part, ça me fait plaisir vu qu'elle connait mon nom de naissance et mon genre officiel (elle gère le courrier)
Elle me raconte une sombre histoire d'individus qui seraient en train de démonter les machines à laver cises dans la laverie perdue après de tortueux couloirs sombres dans un genre de sous-sol. Là, les couloirs sont vides de lumière et de bruit.  Ni une, ni deux, je me mets en chemin pour aller voir, ma concierge me rattrape en hurlant : "Noooon ! N'y allez pas ! S'ils ont des armes, il vont vous tuer !" Je stoppe donc. Je lui demande ce qu'elle veut que je fasse (et me demande si elle ne regarde pas trop de séries US).  Elle veut que j'aille choper des mecs dans la rue pour qu'ils m'aident (WTF ?) Je fais semblant d'aller chercher deux types qui passent (tout en attendant qu'ils soient loin, imaginez le topo ? "Bonjour ! Ma concierge m'a demandé votre aide pour bouter des malandrins imaginaires hors de la laverie.") Je laisse les types s'éloigner sans rien leur dire, reviens bredouille vers ma gardienne qui se demande si elle doit appeler la police.
Au final, un type rentre dans le hall, revenant de ses courses (le genre immense baraque). Ma concierge lui raconte son histoire. Lui va dans le couloir bravement, baguettes sous le bras et moi sur les talons. La gardienne nous crie qu'on va mourir s'ils ont des armes. Nous, on rit comme deux couillons jusqu'à l'angle d'un couloir où on entend un bruit métallique. Là, la baraque stoppe et me regarde, moins rassuré. Moi, rien à battre vu que ça ressemblait à une porte qui claque, je vais dans la laverie, allume la lumière et là !...
... Rien. La pièce est déserte. Je crie à ma concierge restée dans le hall qu'il n'y a rien. Elle me demande de regarder si les machines à laver vont bien. (Elles sont plus fringantes qu'un poney gambadant dans les champs par une belle matinée ensoleillée) Elle me dit de fermer la fenêtre ; celle-ci fait à peine 30 centimètres sur 30. Le type aux baguettes et moi, on se regarde, on se marre, et on revient dans le hall.
Là, on parvient enfin à se dépêtrer de la concierge. Faut voir que ce bousin m'a pris vingt bonnes minutes ! Et tout ça pour dire qu'avec mon look franchement pas masculin, j'ai été élu "Homme Fort du Jour, Sauveur des Machines à Laver" (ou alors Bonne Poire à la Disposition des Élucubrations de Madame la Gardienne)
Une fois libre, donc, je me rends chez des amis. Une soirée y été organisée, et donc, paf ! rencontre avec du monde que je ne connaissais pas. Là, deuxième surprise du jour : Tous les gars me serrent spontanément la main sans se poser de questions. Comme si ces quinze derniers jours de non passing étaient balayés.
Ce qui est dingue, au final, c'est qu'une fois de plus, j'ai un passing nickel quand je me fringue de façon connoté féminine. Le seul hic, c'est que passant bien avec ce genre de fringues que j'affectionne, j'appréhende franchement de me faire tarter la tronche dans la rue.