vendredi 13 mai 2011

On achève bien les CO...

Curieuse sensation que de recevoir une invitation à une soirée.
Je regarde la liste des invités : la moitié est au courant, l'autre non... et il y a un inconnu.
Cet inconnu, je dois le remercier. Grâce à lui, je me rends compte qu'il est plus que temps que j'achève mes CO. Qu'est-ce qui me retient ? Je ne sais pas. Ce ne sont pas des gens qui fréquentent ma vie quotidienne pourtant. Je n'ai eu que de bons échos pour le moment de tous mes COs... Mais là ?
J'ai le sentiment d'être dans une cuve remplie d'eau, le couvercle à 20 cm de ma tête, et que si je fais ces coming-out, cette foutue cuve achèvera de se remplir. Pourtant, je me rends compte que je me suis coupé de ma vie sociale, plutôt active avant. A présent, j'ai l'angoisse de sortir, je me demande toujours si je vais passer ou pas, bon sang ! pourquoi je me prends la tête ? Je ne veux plus passer à côté de ma vie au nom de... au nom de quoi, au juste ?
Cet inconnu, qui fréquente donc de vieux potes, moi je ne le connais pas. Pourquoi ? Parce que j'ai rayé ma vie sociale au nom de la peur du regard des autres. Moi qui ai toujours revendiqué m'en foutre, me voilà pris au piège de ce foutu regard.
Chaque fois que je sors, cela se passe plutôt bien. Mais là, moins je sors, mois j'ai envie de sortir. Je m'enferme dans une bulle confortable hors du monde. Ne pas être confronté à l'inconnu, à ce regard sur mon non-torse, ma non-bosse dans le caleçon. Sortir et scruter le moindre regard, me mortifier, me dire que lui, là, il n'est pas dupe. Mais bon sang, qu'est-ce que j'en ai à foutre qu'il ne soit pas dupe ? Eh bien, je n'arrive pas à m'en convaincre. J'espère que mon opé du torse maintenant toute proche me libérera en partie de ces angoisses. J'en ai assez de cette non-vie. Je veux être moi, n'est-ce pas ? C'est pour ça que j'ai entamé cette transition. Si je reste dans mon placard à chouiner, à quoi cela va-t-il m'avancer ? Je me rends compte que mes anecdotes sentent la naphtaline. Où sont passées ces soirées dans les bars, ces concerts, ces expos, ces voyages, ces soirées ?
Il faut vraiment que je bouge, que je sorte, et j'essaie en ce moment. Je me force à programmer des trucs, me forcer à les faire. Je dois vivre, à quoi bon transitionner dans ma bulle ?
Si je sors, je m'expose au connard qui me dira que je ne suis pas dans le bon chiotte, à la serveuse qui me dira mademoiselle...et alors ? Des inconnus de passage, des visages flous. Putain, il faut que j'arrive à m'en convaincre, mais là... Du temps sans doute, pas mal de temps même. Moi qui me targuer de vouloir jouer l'androgynie, je me retrouve à me demander si je ne devrais pas me raser la tête et rouler des mécaniques. C'estmoche, parce que ce n'est pas moi, non plus.
La quête de soi, c'est dure, et ça, qu'on soit trans ou pas. J'aimerais tellement que cette réalité sorte de ma vie. Avoir une gueule de meuf, ouais, mais le torse et le calbut qui vont avec, pas passer des heures à me demander si mon packy est correct ou si on ne voit pas trop la bosse de mon binder.
Je crois que j'ai besoin de chouiner dans des jupes... ou de me confronter au monde et voir que ce putain de passing n'est pas si bancal. Pas évidence dans cette dichotomie monsieur/madame du monde extérieur, ceux qui me grillent, ceux qui ne me grillent pas, les proches qui cafouillent, ceux qui ne se trompent jamais, et certains membres de ma famille qui sont bloqués sur le féminin.
Je crois, finalement, que j'ai vraiment besoin de rencontrer de nouvelles têtes, des gens qui ne savent pas et qui ne remettent pas en cause mon état d'homme. Pour ça, les forums c'est bien...mais le monde réel serait sans doute mieux.
Je pense que post opé du torse, je vais essayer de me faire tirer... le portrait. Il y a toujours des photographes qui cherchent des modèles, non ? Et c'est pas comme si je n'en connaissais pas. Je comprends mieux les FtMs qui se photographient à tout va. J'ai besoin d 'être rassuré dans l'image de moi-même. Je crois, finalement, que je n'ai jamais été aussi faible qu'aujourd'hui sur ma confiance en moi.
 

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