Commençant à envisager la testo de façon concrète, je m'interroge
également sur les répercussions, pas tant physiques que mentales.
J'ai vu dans un roman que j'ai honte de lire une phrase m'ayant marqué.
Je ne la cite pas au mot près mais cela disait : "je quitte l'humanité
pour l'inconnu". Mis à part l'immense vacuité de cet ouvrage, je trouve
qu'il pose une réflexion intéressante pour notre cas. Sans vouloir céder
à la Twillight-mania, il est amusant de lire le parcours intérieur de
cette jeune fille quittant un état pour un autre et je ne peux
m'empêcher de faire des parallèles avec ma situation.
Dans mon
cas, ce serait quitter un état de "femme" pour l'inconnu, car
finalement, je ne peux que spéculer sur ce que sera mon avenir. Bien
sur, je suis dans la conviction intime d'appartenir au genre masculin,
mais cette vision n'est-elle pas faussée/idéalisée/romancée ?
Au
final peu importe puisqu'à l'heure actuelle, maintenant que les choses
se clarifient dans mon esprit, je vis de plus en plus mal mon genre
apparent. Chaque "elle", chaque accord féminin me heurte de plein fouet
et me blesse, tirant toujours mon moral vers le bas. Ma solution
actuelle est de me perdre en jouant à tel ou tel jeu pour me vider la
tête, serrer les dents quand je dois affronter le réel et tâcher de
garder la tête haute, de faire bonne figure pour les trois mois me
restant à tirer dans cette maudite fac où je ne suis pas outé.
Dans
mon petit monde fabulé de la masculinité, j'ose espérer que la
testostérone me fera glisser d'un état de fragilité intérieure vers
davantage de force, de la sensiblerie à la sensibilité.
Je suis las
de lutter chaque jour contre des deuils trop lourds dont je n'arrive pas
à me guérir. J'aimerai pouvoir respirer et relativiser, même s'il me
semble utopique que la testo pourra être le remède.
Mon seul recours
est de me dire qu'en étant enfin moi, j'aurai les épaules assez solides
pour prendre en main ma vie et me réconcilier avec mon vécu.
Je
sais pertinemment que la transition n'est pas la solution-miracle, mais
je ne peux m'empêcher de garder espoir. Que chaque battement de mon cœur
trop lent se fasse dans la sérénité, non plus dans ce marasme prégnant
qui m'empêche de vivre pleinement.
Je ne serai jamais un homme
fort, cela me semble utopique, mais j'aimerai juste être en mesure de
gérer l'émotionnel, que celui-ci s'applique enfin à bon escient.
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