jeudi 27 août 2009

Des jours avec...

... et des jours sans.
Aujourd'hui, j'accuse le coup.
Sous l'émotion nouvelle des prémisses de mon CO, j'ai éludé le reste. J'ai éludé ma mère à l'hôpital, j'ai éludé à quel point mes amis partis outre-atlantique me manque, j'ai éludé deux ans de procès ne menant à rien... J'ai presque été jusqu'à éluder la mort de mon chien.
Aujourd'hui, je suis seul. Les larmes au bord des yeux et quasiment incapable de pleurer. Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe en moi. Tristesse légitime ? Colère refoulée ? Contre les autres ? Contre moi-même ?
Je n'arrive pas à me prendre en main, à décrocher le téléphone et appeler le psy. J'ai la nausée, je crève de peur. Déjà un simple coup de fil pour une bagatelle me terrorise alors là, cela me semble au-dessus de mes forces.
Je me protège dans le flou actuel qu'est ma vie durant ce mois de vacances désœuvrées. J'ose à peine imaginer quel sera mon état à la rentrée.
Au départ, j'avais l'impression que tout irait mieux, assumant mon identité en construction, acceptant l'idée que oui, je ne suis pas une femme. Mais je ne suis pas une femme pour être quoi finalement ?
Un garçon. Oui, je veux être un garçon. Je n'ai pas de doutes là-dessus mais je me demande si j'aurai les épaules assez solides pour supporter tout cela. J'ai de plus en plus de mal à le cacher à ma mère. J'ai besoin de son soutien. J'ai toujours été un fifils à sa maman.
Et là, mon chien est mort. Je l'ai à peine vue pleurer, comme toujours, elle me protège. Elle veut me montrer qu'on se relève de tout mais je sais qu'elle a craqué au téléphone, avec mon frère aîné, Eddy. Elle a pleuré toutes les larmes de son corps. Il vit à 600 km, il n'y a eu personne pour la serrer dans ses bras.
J'essaie d'être fort pour elle en ce moment, mais le fait est que je suis à bout de souffle. Je suis de nouveau gagné par l'angoisse de lui annoncer. Elle a eu une vie de merde, terriblement merdique. Et moi, je vais devoir souffler sur le château de cartes d'un bonheur factice en espérant qu'il tienne toujours debout.
Au moins, je suis sûr d'une chose. En ce moment, je ne peux pas vivre seul. Là, je n'ai plus qu'à ravaler mes larmes pour ne pas pleuré devant elle à l'hôpital. Sourire et plaisanter pour la distraire.
Son opération est bénigne, fonctionnelle. Elle n'est pas malade mais l'angoisse de la perdre m'a tout de même taraudé. J'ai perdu trop de gens précieux dans ma vie, beaucoup trop. Cette crainte me renvoie à mon CO. Et si je la perdais ?
Je la connais, elle ne me rejettera pas, mais elle pleurera sans doute dans l'ombre, sans personne pour la prendre dans ses bras. Elle me sourira, sourire forcé, et jettera nonchalamment : "Tu es trop petite pour être un garçon." Je serais blessé, mais c'est son arme à elle pour ne pas perdre pied.
Aujourd'hui, j'ai mal à en crever. J'ai toujours lutté pour garder le sourire, rire et plaisanter, rendant incrédules les gens apprenant ma dépression.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que les jours à venir sont coincés, tassés sous un couvercle lourd que je n'aurai jamais la force de pousser avec mes bras maigrelets et mes mains handicapées.
Non. Je n'ajoute pas un nouveau lourd protocole médical à celui qui est déjà le mien. J'ai juste envie de vivre enfin, que, justement, mon handicap devienne secondaire et ne me définisse plus.
Aujourd'hui, je veux juste un peu de courage pour contacter le psy, mon ancien psy. Une lettre, oui, sans doute, une lettre succincte. Je veux juste un conseil. Je veux juste savoir qui aller voir. Ou lui peut-être ? Serais-je en mesure de lutter cotre moi-même pour parcourir l'heure de route me permettant d'aller le voir ?
Aujourd'hui, ma phobie sociale lutte avec ma dépression pour savoir laquelle des deux est la plus forte. Je l'ignore. Je m'en fiche. Je veux juste qu'elles aillent jouer plus loin et me foutent la paix.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire