J'aimerais ici parler de quelque chose d'important pour moi.
Important dans ma conception de l'identité des personnes et des rapports
humains. C'est pourquoi j'utiliserai ce texte comme message liminaire à
mon propre cheminement, en tant que conjoint devant effectuer lui aussi
- en quelque sorte - une transition.
J'ai rencontré Alain F. dans
un bar. Et dans quel autre endroit cela aurait-il pu être possible
puisque c'est Bernard Dimey qui nous a réuni. La soirée a été, comme il
se doit, arrosée, et je ne me souviens hélas plus des propos exacts que
nous tînmes, si ce n'est deux théories qu'il m'évoqua (étaient-ce les
siennes ou celles d'autres ?), mais je serai bien incapable aujourd'hui
de retranscrire ces théories avec fidélité. Je n'en dirais donc que ce
que j'ai retenu. Et pourquoi elles sont importantes pour moi.
La
première de ces théories concerne les rapports entre êtres humains.
Selon celle-ci, il est trop réducteur de ne parler que de sexualité
(hétérosexualité, bisexualité, homosexualité, etc.) en négligeant les
autres possibilités d'attirances entre humains. Ainsi, il y aurait cinq
sortes de rapports, dont je n'en ai retenu que deux : la sensualité et
la sexualité. La complexité des humains fait que l'on peut très bien
être hétérosexuel (ne s'imaginant ainsi pas pouvoir avoir des rapports
sexuels avec des personnes du même genre) mais bisensuel, c'est-à-dire
trouver une forme de sensualité (débarrassée donc de la sexualité) avec
des personnes de quelque genre qu'elles soient, voire homosensuel (qui
consisterait donc à ne trouver de la sensualité qu'avec des personnes du
même genre sans pouvoir - pour quelque raison que ce soit - envisager
des rapports sexuels avec ces personnes). Avec ces différents niveaux de
rapports entre être humains on a donc un panel bien plus large de
possibilités que celles habituellement admises.
La deuxième
théorie concerne plus précisément l'harmonie d'un couple (d'ami(e)s, de
conjoint(e)s, etc.) à travers la complexité du genre. Elle considère que
l'être humain n'est pas juste binaire, homme OU femme, mais quelque
chose entre ces deux extrêmes. Selon cette théorie, il y a en nous une
part masculine et féminine qui s'équilibrent toutes deux (bon, la
théorie ne définit pas ce qu'est une part féminine et ce qu'est une part
masculine mais passons). Ainsi, un être humain peut être totalement
masculin, et ne sera donc pas du tout féminin. Ou il pourra être à
moitié masculin et à moitié féminin. Ou encore plus féminin que masculin
mais avec tout de même une présence des deux parts. On peut donc voir
cela comme deux jauges qui s'équilibrent (principe de l'osmose).
Selon
la théorie, une personne ne se sentira en harmonie que si cette osmose
est respectée avec la personne avec qui il partage [ce que vous voulez].
Ainsi une personne à 100% féminin ne pourrait se "compléter" (au-delà
de ses attirances sexuelles ou tout ce que vous voulez) qu'avec une
personne à 100% masculin. Et lorsque le mélange des deux parts est plus
subtil, il faut que celui existe à l'inverse chez l'autre personne (en
somme, que les deux jauges (masculines et féminines) se complètent).
Alors,
oui, bien sûr, ces théories sont plus dignes de piliers de comptoirs
(ça tombe bien, c'est là qu'elles ont été élaborées) que d'experts en
rapports et sexualité humains, elles sont bancales, décousues et bien
loin de toute rigueur scientifique, mais elles ont eu pour moi le mérite
de m'aider à me définir. Je me suis dès ce moment compris comme
quelqu'un d'hétérosexuel, mais bisensuel, et comme quelqu'un avec une
part de féminité importante.
C'est pour cela que je voulais commencer
par cet exposé, parce qu'il permet de mieux comprendre comment je me
positionnais (et le fait d'avoir réussi à me positionner a rendu plus
dur le fait de devoir reconsidérer cela) et comment finalement cela
m'aide à me changer moi-même, en espérant ainsi aider mon chéri.
Voilà, voilà.
Désolé pour ceux que ça n'intéressait pas.
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